Résumé

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« Noms, dates, lieux : je préfère m’en tenir à des éclats, des fragments que porte la voix de mon père. Je chercherai les arcs-en-ciel. Il a l’art de les faire naître ». Ce programme, le narrateur – le fils – qui entreprend de faire revivre, d’abord pour lui-même, et pour ses propres fils, l’histoire d’un juif rescapé de l’horrible XXe siècle, parvient à le suivre à la lettre. Texte de la résurrection, ce livre n’est fait – cousu plutôt – que de fragments, mais choisis et assemblés avec une telle justesse qu’ils constituent en effet autant d’éclats, au double sens du terme : des morceaux violemment arrachés à la réalité d’une existence par l’inimaginable déflagration que fut la Shoah, et des illuminations que leur splendeur poétique transforme en brisures d’arc-en-ciel. « Avant que tout s’éparpille, se disperse et disparaisse, je collecte, je ramasse, je grappille, je glane », note l’auteur/narrateur en concluant son parcours de mémoire. Ainsi Du Bellay décrivait-il le glaneur d’épis auquel il se comparait, rassemblant « les reliques » de la grandeur romaine disparue. Mais il savait bien que ce rassembleur était un maître. Les vestiges de la vie des humains généreux et probes que Norbert Czarny sauve de l’oubli pour les transformer poétiquement en héros grâce à l’indispensable travail de l’imaginaire apte à recréer le réel, ont requis le talent d’un véritable écrivain. Leurs exploits valent ceux, tapageurs, de guerriers latins poussiéreux.

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Thèmes abordés dans l’article

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Appartenances, Diasporas, Arts et Lettres