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Numéro 56
Janvier 2022

Mes Grands Transparents, seconde série, X : Raymond Roussel

Maurice Mourier

Résumé

S’agissant de Raymond Roussel, le dixième Grand Transparent de sa seconde série, Maurice Mourier pose d’entrée de jeu la question : est-il un écrivain facile ou difficile ? Et d’ajouter : « On sent que l’affaire est obscure, irritante, les réponses peu évidentes ». Mais le décryptage tout en nuances qu’il présente ici de son œuvre énigmatique nous offre des clés très précieuses pour apprécier les apports à la littérature de ce « grand fascinateur », à la fois célèbre et méconnu. Les apports de son « procédé » ne se limitent sûrement pas à des solutions techniques pour écrivain bricoleur et c’est pourquoi la sécheresse des affirmations de Roussel lui-même concernant son œuvre ne convainc pas. La part de l’affectif, du vital, du morbide, du Grand Guignol fantastique chez lui est trop grande pour que le lecteur se laisse prendre à ce qui est une tentative – fort consciente – de camouflage des angoisses de toute une vie. Des angoisses vécues en solitaire, qui expliquent au moins autant que le terrible impact psychologique de l’insuccès persistant – ou que le dégoût d’un succès factice auprès des surréalistes, fondé sur des approximations critiques – l’inexorable chute dans la dépendance aux drogues et la sexualité non plus triomphante de la jeunesse, mais quasi crapuleuse des dernières années. Une lucidité douloureuse, en tout état de cause, frappe chez Roussel, qui programme sa disparition après avoir mis ses affaires esthétiques – les seules qui lui importent – en un ordre bordé de mensonge et machiné par lui dans Comment j’ai écrit certains de mes livres, avant d’aller mourir ou de se suicider par overdose de médicaments, malgré la présence affectueuse de Charlotte Dufrène, en 1933, dans sa chambre, communicante mais ce soir-là fermée à clé, du Grand Hôtel et des Palmes, à Palerme.

Thèmes abordés dans l’article

Arts et lettres

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