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Numéro 52
Janvier 2021

Relire la Charte de la laïcité « à l’école »

en pensant à son interprétation « hors l’école »

Philippe Lazar

Résumé

On ne peut se contenter de déclarer l’école « laïque » dans ses murs sans se préoccuper explicitement de ce qui se passe pour ses élèves hors ses murs. Pourquoi les promoteurs de la loi de 1905, de Séparation des Églises et de l'État ont-ils pris le soin d’en commencer la rédaction par un engagement sans rapport direct avec son contenu opératoire: "La République assure la liberté de conscience" ? Parce que cette loi se voulait porteuse d’un apaisement des tensions et qu’il leur a dès lors paru indispensable de faire précéder l’énoncé des modalités de sécularisation de la société par cette affirmation solennelle. C’était dire qu’il existe une valeur intangible, qu’aucune loi ne peut remettre en question : le droit de chaque être humain de penser ce qu’il lui plaît de penser en toute liberté. La question de l’enseignement de l’école publique est au fond de nature semblable. Cet enseignement est lui-même sécularisé, en particulier « séparé » de celui que les Églises peuvent pour leur part prodiguer. Pourquoi, dès lors, ne pas tenter d’apaiser les tensions qui rendent aujourd’hui leur tâche très difficile à certains enseignants en recourant explicitement à l’énoncé du même principe : « L’école contribue à assurer la liberté de conscience » ? En indiquant explicitement que rien n’interdit à un élève, de son propre chef ou sous l’influence de son entourage, de réinterpréter chez lui et en lui-même ce que l’école cherche à lui apprendre, on préserverait fondamentalement la liberté d’enseigner de l’école et des enseignants dans le cadre des programmes établis selon les lois et règlements de la république.

Thèmes abordés dans l’article

Convictions, Engagements, Laïcité, Droits de l'Homme

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