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Numéro 51
Octobre  2020

Les deux fonctions distinctes et complémentaires de la recherche scientifique

Philippe Lazar

Résumé

La mobilisation des « scientifiques » requise par les pouvoirs publics pour les guider dans la gestion de la multitude des problèmes créés par l’actuelle pandémie est légitime. Elle peut néanmoins conduire à bien des confusions quant aux modalités d’expression de leur incontestable capacité « d’expertise ». La recherche scientifique en tant que telle est une activité par nature internationale, hautement compétitive en même temps que nécessairement coopérative, très exigeante du point de vue de sa qualité, ésotérique pour le commun des mortels, beaucoup moins souvent « multidisciplinaire » qu’on ne le prétend, aléatoire dans la nature de ses résultats et à long terme dans leur obtention. La réponse aux interrogations de la société en termes de gestion de crises (ou même plus simplement en termes de décisions stratégiques à prendre) suppose une organisation structurellement très différente : on peut la définir en prenant le contrepied des caractéristiques ci-dessus énumérées ! Les problèmes à vocation décisionnelle sont toujours pluridisciplinaires, le plus souvent insérés dans un contexte national (parfois, trop rarement, européen) ou infranational, ils ne peuvent être traités que dans un langage accessible, ils exigent des réponses aussi précises que possible aux questions posées, et cela dans un délai court, adapté aux contraintes temporelles des « décideurs ». Le seul énoncé de ce différentiel devrait permettre de valider, pour répondre aux interrogations immédiates, le concept « d’expertise collective » (ou « collégiale ») aux dépens de celui d’un recours au savoir prétendument universel de telle ou telle haute personnalité scientifique.

Thèmes abordés dans l’article

Sciences et techniques

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